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Qui aimes-tu le mieux,
homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?


Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.

Tes amis ?

Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.

Ta patrie ?

J’ignore sous quelle latitude elle est située.

La beauté ?

Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.

L’or ?

Je le hais comme vous haïssez Dieu.


Eh ! qu’aimes-tu donc,
extraordinaire étranger ?


 J’aime les nuages…
les nuages qui passent…
là-bas… là-bas…
les merveilleux nuages !



                                                       L'étranger, Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869

© 2019 Jacques Aspert

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